Nous avons dit que la Radiesthésie était fondée sur l'emploi d'un sixième sens pour avoir connaissance des objets qui échappent soit à nos cinq sens externes, soit à nos instruments de physique.
Encore faut-il que ce sixième sens ait une puissance suffisante pour être employé.
Il semble que le nombre de personnes complètement inaptes soit très restreint et que presque tout le monde puisse obtenir des résultats plus ou moins intéressants avec du travail et de la persévérance.
Par contre, les très grandes facultés d'observation sont relativement rares, d'autant que, pour en tirer le maximum de rendement, elles demandent beaucoup de travail et d'application.
Il est difficile d'établir des statistiques mais l'expérience montre que dans une réunion on trouve toujours un certain nombre de personnes qui sont très étonnées de découvrir à leur sixième sens une puissance insoupçonnée jusque là et ne demandant qu'à être exercée.
Entraînement de notre sixième sens, pendule ou baguette
L'interprétation des indications fournies par les détecteurs est affaire de travail et d'expérience ainsi que l'élimination des très nombreuses causes d'erreurs qui viennent fausser les observations.
Aussi est-il nécessaire de procéder à un entraînement progressif et raisonné de notre sixième sens en débutant par les études les plus simples pour arriver aux plus compliquées.
Dans cette étude l'expérience montrera à chacun quelle est la limite de ses facultés ainsi que le genre de recherches pour lequel ces facultés semblent avoir le plus d'aptitudes.
Il en sera de même pour les instruments de détection.
Pour les uns le pendule se montrera le meilleur instrument d'observation alors que la baguette trop sensible et trop brutale ne donnera que des indications incertaines.
Pour les autres, au contraire, le pendule ne donnera que des indications trop vagues alors que la baguette se montrera le détecteur de choix.
On peut en outre employer d'autres instruments que la baguette fourchue ou le pendule.
Dans son Comment devenirSourcier, M. Viré a montré qu'on pouvait employer une baguette droite tenue à bout de bras, alors que l'abbé de Valmont en indique l'emploi en la tenant en équilibre sur les deux mains.
Nous savons que les Américains emploient une sorte de vilebrequin en métal.
Peu importe l'instrument pourvu qu'il nous transmette les impressions reçues par le sixième sens.
Cette préférence personnelle pour tel ou tel détecteur pourra s'exercer au profit de tel ou tel genre de baguette ou de telle ou telle espèce de pendule.
L'un préfère la baguette de bois vert, noisetier, frêne, chêne, etc., l'autre emploiera les roseaux souples, rotin, bambou, etc.
Les baguettes métalliques, acier, cuivre... ont leurs partisans et la plupart préfèrent la baguette de baleine.
Les uns la veulent assez grosse pour bien remplir la main comme les vieilles baleines de parapluie, alors que la petite baleine ronde a ses partisans.
Beaucoup emploient la petite baleine plate, dite de corset, qu'on tient du bout des doigts.
A notre avis il n'y en a pas de meilleures les unes que les autres, il y a celle à laquelle nous sommes habitués.
Cependant il semble que, dans certains cas, les baguettes de couleur rendent des services.
Même diversité d'opinions pour les pendules.
Toutes les substances ont été employées: ivoire, cristal de roche, verre, cristal, porcelaine, métaux divers, pleins, creux, pour y enfermer des « témoins».
L'abbé Ferran utilisait des poids en fonte alors que M. Treyve emploie une sphère ultra-légère composée de six fils d'argent se réunissant sur une petite pointe de cuivre.
On fait des pendules magnétiques, des boussoles suspendues, chacun a ses préférences et les gens modestes se contentent de suspendre à un fil quelques pièces de 10 centimes.
Notre pendule préféré pour l'extérieur est notre couteau de poche au bout de sa chaîne.
Naturellement chacun attribue des mérites particuliers à son instrument préféré qui est quelquefois un simple caillou dans un petit sac d'étoffe.
Le débutant fera sagement d'employer pour commencer le pendule le plus simple, et l'expérience lui apprendra plus tard
s'il doit adopter des pendules plus somptueux.
Une fois de plus, nous insisterons sur ce qu'il n'y a pas de réaction type pour chaque substance observée.
Il n'y a que des réactions individuelles.
L'influence de l'objectif n'entre que pour une part dans ces réactions alors que l'observateur y entre pour deux autres parts, son sixième sens et sa volonté.
Les résultats que nous donnent les divers auteurs ne sont que personnels et leur diversité pour les mêmes substances montre qu'on ne doit les accepter qu'à titre d'exemple.
Cependant les récentes expériences de M. Pitois, dont il sera question plus loin, semblent démontrer qu'après un réglage minutieux du pendule en longueur l'influence du métal étudié peut annihiler celles de l'opérateur.
Les réactions du pendule ne sont plus qu'"objectives".
Ces expériences demandent à être répétées par d'autres opérateurs pour vérifier si la constance des résultats permet de conclure que les influences personnelles peuvent disparaître.
En tous cas le réglage exact du pendule en longueur est trop minutieux pour pouvoir jamais sortir du laboratoire et n'entrera jamais dans la pratique courante de l'opérateur moyen.
C'est pourquoi les gens qui reprochent aux radiesthésistes de ne pas être d'accord entre eux montrent qu'ils n'ont rien compris à l'influence prépondérante de notre sixième sens, agent de réception des radiations physiques qui viennent le frapper et qu'il transmet suivant ses aptitudes particulières.
Cette transmission nous sort du plan physique pour nous transporter dans le plan physiologique avec toutes ses variantes individuelles.
L'erreur est de vouloir enfermer la Radiesthésie dans le cadre physique dont l'a dégagée le maître de la physiologie, le professeur Ch. Richet.
Il est facile de comprendre que la bonne observation des influences émises par les corps peut être troublée par un grand nombre de causes qui viennent en fausser la réception et l'interprétation.
Si la puissance de sélection de notre sixième sens est insuffisante, il sera dominé par les ondes parasites qui émanent des objets entourant le corps qu'on veut étudier.
Si nous plaçons cet objet sur une table, notre sixième sens recevra, non seulement les radiations de l'objet, mais, en outre, celles qui viennent de la table, du parquet, du plafond, des poutrelles de fer, du soufre contenu dans le plâtre, celles des diverses matières qui composent les murs sans parler des substances plus ou moins radiantes qui peuvent se trouver dans le sol ou dans les environs.
Ces ondes parasites viendront troubler nos observations si notre orientation mentale est insuffisante pour les écarter.
Ce sont ces ondes parasites qui sont venues fausser les résultats de MM. Gorceix et Brard dans leurs études sur la balance pendulaire, comme ils l'ont eux-mêmes reconnu, alors que Probst, l'inventeur de la méthode, s'était joué de ces difficultés.
Causes d'erreur possibles
Nous allons énumérer les principales causes d'erreur sans avoir la prétention de n'en pas omettre.
- 1° Un défaut de syntonisation ou son insuffisance peut faire porter notre rayon explorateur sur un objet autre que celui cherché.
L'emploi du témoin renforce notre orientation mentale en la précisant.
- 2° Notre sixième sens ne réagit pas suivant les conventions établies.
Il nous trompera par exemple sur la profondeur d'un courant d'eau dont néanmoins l'emplacement est exact.
C'est une cause fréquente d'erreur.
- 3° Lauto-suggestion. Nous en avons déjà parlé au sujet de l'expérience de colonel de Marsay.
Pour une raison ou pour une autre nous nous sommes fait d'avance une opinion sur le résultat de notre recherche.
L'observation vient confirmer notre idée préconçue alors que la réalité est autre.
C'est une cause d'erreur d'autant plus fréquente que l'auto-suggestion est le plus souvent inconsciente.
- 4° La fatigue. Lorsqu'à la suite d'un travail trop prolongé on ne se sent plus libre d"esprit on doit cesser de travailler.
La fatigue peut ne pas se manifester directement à nous mais notre attention doit être attirée par l'irrégularité des résultats.
- Toute prospection donne lieu à des mesures et chaque mesure doit être la moyenne de trois mesures successives.
La fatigue se constatera si les trois mesures successives sont très différentes l'une de l'autre.
Dans ce cas, il n'y a qu'à cesser le travail, se reposer en pensant à autre chose, et on ne peut reprendre sa
tâche que quand trois mesures successives se montrent très proches l'une de l'autre.
- 5° Trop de confiance en soi.
On aborde sans entraînement suffisant des observations qui dépassent nos facultés ou bien on néglige les précautions qui sont indispensables pour l'obtention d'une bonne réussite.
On ne fait alors que du mauvais travail.
La Radiesthésie doit être une école de modestie: on n'est jamais certain d'avoir pu éliminer toutes les causes d'erreur, même quand on a cru avoir réuni toutes les conditions qui doivent assurer une bonne observation.
- 6° Les effets du mirage.
Certaines recherches, en particulier pour les filons métalliques et quelquefois pour les courants d'eau, donnent lieu à un phénomène de mirage assez curieux.
Il semble que les radiations radiesthésiques sortent de terre sous un certain angle pour retomber à terre à une certaine distance, rebondissent et de rebondissement en rebondissement se propagent ainsi à de grandes distances.
Le mirage peut conduire à placer un gisement métallique à plusieurs centaines de kilomètres de son véritable emplacement.
Il faut rapprocher ces effets de mirage des études faites par M. l'ingénieur Turenne sur la propagation des effets magnétiques jusqu'à des distances considérables de leur lieu d'origine.
- 7° La Rémanence.
L'expérience montre que les traces d'une personne, d'un animal, d'un objet restent fixées au sol pendant
un temps très considérable.
Des masses métalliques extraites du sol continuent à signaler leur présence comme si elles étaient toujours là.
L'imprégnation du sol par les radiations persiste pendant une durée incroyable.
Nous citerons plus loin un exemple extraordinaire de rémanence constaté par M. Treyve.
Nous avons pu reconstituer l'itinéraire d'une personne après quarante huit ans.
Ces effets de rémanence se produisent aussi bien sur le terrain que dans les recherches sur plan et dans ce dernier cas sont particulièrement gênants parce qu'on ne possède aucun moyen de contrôle.
On peut maintenant les combattre avec les sachets et les écrans absorbants imaginés par M. le pharmacien Lesourd.
Sur le terrain on peut mettre ces sachets dans ses poches.
Dans le travail sur plan, on dispose les sachets autour du plan et on glisse l'écran sous ce plan.
Tout le passé est absorbé et il ne reste plus que le présent.
Après usage il est bon de décharger sachets et écrans en les exposant à la grande lumière, ou mieux au soleil.
- 8° Certaines personnes, par leur seule présence auprès de l'opérateur, peuvent troubler ses observations et même les arrêter complètement, sans que leur volonté intervienne en rien dans l'obstacle apporté par leur présence.
On les nomme des "négatifs".
- 9° Par contre, la volonté d'un spectateur opposée à celle de l'opérateur pourra le paralyser d'une façon plus ou moins complète.
Il semble que cette volonté contraire vienne accaparer toutes les radiations émises par l'objet étudié et que le rayon explorateur de l'opérateur ne puisse plus puiser dans une source qui a été mise à sec.
C'est ce qui se passe quand on pose une "colle" à un opérateur avec le désir plus ou moins formulé de le voir échouer.
Dans ce cas l'échec est de règle.
C'est pourquoi, et à de rares exceptions près, les recherches faites devant un public nombreux sont particulièrement difficiles à réussir.
Aussi les bons opérateurs cherchent-ils à travailler sans témoins ou du moins devant un petit nombre de personnes dont la neutralité bienveillante leur est acquise.
- 10° Le trop grand désir de réussir et le sentiment qu'on passe un examen.
Ce trop grand désir fausse nos facultés de réception et cause des réponses inexactes.
Convenons que le bon fonctionnement de nos facultés demande une certaine indifférence professionnelle.
- 11° Le Fading.
Ce phénomène se produit en Radiesthésie comme en T.S.F.
Cet évanouissement des radiations se produit de préférence par les grandes chaleurs, par un soleil éclatant, et
aussi en cas de perturbations atmosphériques, d'éruptions volcaniques même lointaines ou de séismes importants qui viennent jeter le trouble dans le magnétisme terrestre.
- L'abbé Mermet a montré qu'on pouvait combattre l'action néfaste du grand soleil en dirigeant vers l'astre la main tendue, celle qui ne tient pas le pendule.
Ce palliatif n'a qu'un effet relatif, la main faisant effet de paratonnerre.
- 12° Par un phénomène inexplicable, certains vents violents peuvent entraîner avec eux les radiations et les déporter d'une certaine distance dans le sens du vent.
Ce fait a été observé par M. Treyve lors de la recherche d'un objet perdu, ramassé par un passant et déposé par lui au Commissariat de Police.
Le point de chute, le trajet de l'objet et l'endroit où M. Treyve le croyait arrivé se trouvaient déportés d'environ cinq cents mètres dans la direction du vent et parallèlement aux emplacements véritables.
- 13° Les recherches simultanées sur le même objectif par un certain nombre d'opérateurs peuvent paralyser les recherches.
Le champ de forces qui entoure chaque objet est produit par les émissions émanant de cet objet.
Quand notre rayon explorateur vient frapper cette émission pour nous en rapporter les caractéristiques il en absorbe une partie plus ou moins importante dont le remplacement ne se fait pas instantanément. Il faut donner
au champ le temps de se reformer. Si de nouveaux rayons viennent explorer ce champ déjà affaibli, la source se tarira et les nouvelles recherches tomberont dans le vide.
Si les nouveaux rayons ont été émis par des opérateurs de qualité, ces opérateurs sentiront de suite, aux hésitations de leur pendule, qu'il se passe quelque chose d'anormal, très probablement épuisement du champ de forces, ils n'insisteront pas et attendront que le champ se soit reformé.
Si au contraire ce sont des observateurs insuffisants, ils insisteront sans s'apercevoir qu'ils travaillent dans le vide et ils obtiendront par auto-suggestion des réponses sans valeur.
Telles sont les principales causes d'erreurs.
Cette énumération montre combien de pièges sont tendus sous les pieds du radiesthésiste.
Suivant ses moyens naturels et son expérience il pourra en éviter un certain nombre, mais quelle que soit sa virtuosité il ne sera jamais certain d'avoir triomphé de toutes les difficultés.
On ne saurait trop le rappeler: La Radiesthésie n'est pas une science exacte, c'est un art d'observation.
Toutes les sciences d'observation sans exception sont sujettes à des erreurs.
L'élimination des causes d'erreur est faite par la puissance de notre sixième sens et par l'habitude que nous avons de nous en servir.
Cette puissance d'élimination ne nous semble pas être telle qu'aucun observateur arrive à dépasser 80% d'observations
exactes et que personne puisse échapper à une probabilité de 20% d'erreurs.
Radiesthésie "rapprochée" et Radiesthésie "éloignée"
Certains ont tendance à vouloir scinder la Radiesthésie en deux parties distinctes: la Radiesthésie "rapprochée", ne travaillant qu'à l'intérieur des zones d'influence émises par les corps, et la Radiesthésie "éloignée" travaillant en dehors des limites de ces zones.
Cette distinction ne nous semble pas justifiée.
L'expérience montre que tous les opérateurs capables de travailler correctement à l'intérieur de ces zones n'éprouvent aucune difficulté pour travailler à distance dès qu'ils s'y exercent, d'abord en dirigeant vers le corps étudié leur rayon digital, la main tendue en antenne puis leur rayon oculaire, la main qui tient le pendule à hauteur
de l’œil, enfin leur rayon mental dont M. Voillaume a également démontré la matérialité.
La séparation aurait plutôt tendance à se faire entre observateurs sur le terrain et lecteurs sur cartes, plans, photographies, documents écrits, science que nous étudierons plus loin.
Cette distinction ne nous paraît pas fondée.
Nous ne trouvons pas plus étonnant de déceler sur le terrain à grande distance la position d'un courant d'eau, sa profondeur et son débit que de les préciser sur une carte.
Était-il plus difficile d'étendre le bras vers Anvers éloigné de nous de 900 kilomètres et de dire que dans le Zoo de cette ville il n'y avait qu'un sanglier mâle adulte et qu'il pesait environ 175 kilos, ce qui s'est trouvé presque complètement exact, que de donner les mêmes précisions en présentant notre pendule sur le plan de la ville d'Anvers? II nous est difficile de voir une différence fondamentale entre les deux opérations.
La lecture sur plans est un fait indéniable.
Personnellement nous avons à notre actif environ 2.000 observations sur plan qui ont été soigneusement contrôlées.
Environ 70 de nos réponses ont été reconnues exactes.
Cette proportion exclut toute objection tirée du calcul des probabilités.
Nous sommes certain, que si nous prenions les observations des grands virtuoses de la lecture sur plan, M. Treyve, l'abbé Mermet, nous atteindrions la proportion de 80% d'exactitude.
Pour le moment la lecture sur plans reste sans explication.
Elle est un fait.
Elle est pratiquée par des opérateurs qui possèdent cette aptitude spéciale beaucoup plus qu'une supériorité de leur
sixième sens dont néanmoins la sensibilité doit être suffisante.
En résumé, la pratique de la Radiesthésie est fondée:
- 1° Sur l'orientation mentale qui permet de choisir une radiation déterminée parmi les milliers d'autres qui se croisent autour de nous, et de fixer notre attention sur elle seule.
- 2° Sur l'emploi de rayons explorateurs qui vont chercher la radiation cherchée.
- 3° Sur la transformation, par notre sixième sens, de "l'onde incidente" comme on dit en T.S.F en mouvements des détecteurs, mouvements qui nous donnent les renseignements cherchés.
Commandant DE LA BASTIDE
La Revue scientifique du Limousin
Juin-Juillet 1935